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Libération
Reportage

Le contingent russe sous pression au Kosovo : Les militants de l'UCK boycottent les anciens alliés des Serbes.

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publié le 17 août 1999 à 0h19

Malishevo envoyé spécial

Regard éteint, traits tirés, Guennadi Kharitonov fait peine à voir. Le jeune lieutenant est exténué. Trois nuits de garde, trois nuits sans dormir. De longues veilles à scruter l'obscurité, corps en alerte, esprit aux aguets. «De la tombée du jour à l'aube, une alerte toutes les quatre ou cinq heures, récapitule l'officier, pas d'attaque, pas de tir, mais un harcèlement continu. On joue avec nos nerfs.» Malgré la fatigue accumulée, Guennadi fait, une nouvelle fois, le tour du système défensif qui protège ce petit poste russe isolé dans les montagnes de la Drenica, fief historique de l'Armée de libération du Kosovo (UCK).

Aux abords de sa casemate de rondins, en lisière de la forêt, il a tissé une discrète toile de pièges. En deux points, les fils tendus sous les feuilles mortes ont été rompus, déclenchant l'envol d'une fusée éclairante. Au débouché d'une belle trouée, vue imprenable sur le bunker, les traces d'un campement de fortune, couverture abandonnée, boîtes de conserve. «Ils se sont enfuis par-là», constate le lieutenant, pointant vers des brisées dans la broussaille, «l'un des deux hommes avait un fusil. Mais il n'a pas ouvert le feu. Nous n'avons donc pas eu à riposter». Pour l'heure, Guennadi Kharitonov touche du bois. «Nous avons évité l'incident grave à Malishevo.» Quand, dans le secteur de Kamenica, autre zone de déploiement russe à l'est du Kosovo, plusieurs soldats ont été blessés par balles, l'un sérieusement, cibles de tireurs embusqué