Charikar envoyé spécial
Ils sont arrivés par milliers, en colonnes, cheminant le long de l'unique route du Panshir. Fuyant les bombardements sur la plaine de Shamali, ils viennent des provinces de Parwan et de Kabisa. Ils sont venus se réfugier derrière les hautes montagnes de la vallée. La piste qui serpente à flanc de montagne, à l'intérieur de la vallée, n'est qu'un gigantesque embouteillage. Sous le soleil déjà haut, les vieux camions militaires russes, débordant de moudjahidin hilares, montent en file vers le front et croisent les réfugiés qui fuient en sens inverse. Car, depuis trois jours, la vallée du Panshir est en état de mobilisation générale.
Orgues de Staline. Au volant de son 4x4, Mamoud Khan, gouverneur civil de la vallée et numéro 2 du commandant Massoud, circule avec son escorte le long de la piste, de village en village, à la recherche de volontaires pour la ligne de front. Dans les mines d'émeraudes de Dostorevatch, Safitchir et Khreindj, les Afghans, moitié mineurs, moitié moudjahidin, ont troqué le marteau-piqueur pour le fusil-mitrailleur. Batterie de missiles Ouragan et orgues de Staline passent sous les yeux blasés des réfugiés. Certains hèlent les soldats en leur demandant de vérifier si leur maison est toujours intacte. Un peu plus loin, dans le cirque rocailleux de Dolon Sang, non loin de l'entrée de la vallée, plusieurs centaines de réfugiés se sont installés dans un cimetière de chars russes. Là, au milieu des carcasses rouillées, balayées par les