Le problème avec le nouveau Premier ministre russe, investi hier par la Douma, c'est qu'il est trop lisse. Après quinze ans passés dans les services secrets, Vladimir Poutine garde cet air perçant et glacé de commissaire du KGB même lorsqu'il défend son programme à la tribune du Parlement. Sans surprise, le nouveau dauphin d'Eltsine a été confirmé hier par la Douma avec 233 voix pour, 84 contre et 17 abstentions. A quatre mois des législatives, les députés ont préféré entériner le candidat du Kremlin plutôt que d'engager un bras de fer pouvant conduire à la dissolution. «Sa règle de conduite: les mots servent à cacher le sens des phrases; les expressions du visage doivent masquer les émotions», écrit le quotidien Izvestia dans un portrait intitulé: «Un personnage nordique et stoïque».
A 46 ans, Poutine a réussi à faire une carrière fulgurante sans profil politique précis. Sa prestation, hier, devant les députés n'a guère permis d'éclairer le personnage. Comme tous les Premiers ministres qui se sont succédé cinq en un an et demi , il a promis de «continuer les réformes» et de régler le problème des arriérés de salaires. Mais l'économie n'est pas le fort de cet ex-colonel du KGB qui va se contenter de poursuivre la politique engagée. Ses principales qualités, aux yeux du Kremlin, seraient l'obéissance au chef et une incontestable fermeté. Eltsine l'aurait choisi pour défendre les intérêts de la «famille» (le clan présidentiel), menacés par les prochaines élections législat