Des militaires devant les tribunaux chiliens, avec la menace de ne
plus être protégés par la loi d'amnistie; des policiers, des prêtres, des médecins, chaque mercredi devant des juges argentins: grâce à la ténacité des associations de défense des droits de l'homme et à l'entêtement du juge espagnol Baltasar Garzon, le «tombeur» d'Augusto Pinochet, quelque chose a changé dans le fonctionnement de la justice au Chili et en Argentine. Et les familles des disparus peuvent à nouveau espérer que vérité et justice soient faites sur les violations des droits de l'homme durant les années noires des deux ex-dictatures.
Près de Londres, où Pinochet, 83 ans, est en résidence surveillée, militaires et avocats se succèdent, à la recherche d'une porte de sortie pour l'ex-dictateur. C'est le 27 septembre que la justice britannique doit entamer son procès en extradition, demandée par le juge Garzon.
Santiago de notre correspondant Les militaires chiliens s'étaient presque habitués à être convoqués devant les tribunaux dans le cadre d'enquêtes sur les disparitions survenues pendant la dictature de Pinochet. Ils savaient que la loi d'amnistie couvrait systématiquement les violations commises entre le 11 septembre 1973, jour du coup d'Etat, et le 10 mars 1978. Ce passage obligé devant la justice ne constituait donc qu'une simple formalité. Une décision judiciaire est venue bouleverser cette routine: chargé de plus de vingt plaintes déposées contre l'ancien dictateur, le juge Juan Guzman a reçu, le