Moscou de notre correspondante
Depuis son humiliant limogeage le 12 mai dernier, Evgueni Primakov se taisait. Officiellement l'ex-Premier ministre écrivait ses mémoires. En fait il préparait son retour. En annonçant hier qu'il conduirait la liste du parti du maire de Moscou aux prochaines législatives, il est redevenu l'un des acteurs clé de la politique russe. «J'ai accepté la proposition qui m'a été faite, a-t-il déclaré avec des accents d'homme d'Etat. La liste que je vais conduire est une coalition de toutes les forces centristes saines, ouverte à tous ceux qui ne rejettent pas deux principes: l'intégrité territoriale et la structure fédérale de l'Etat.»
Cauchemar. Pour le Kremlin, cette annonce est un cauchemar. Il retrouve unis face à lui, les hommes, à ses yeux, les plus dangereux du moment: Primakov et le maire de la capitale, Iouri Loujkov. Tous deux sont, d'après les sondages, les candidats les plus sérieux à la succession d'Eltsine au scrutin de l'été 2000. Mais la «Famille» (le clan présidentiel) les a en horreur. La raison: aucun des deux n'est en mesure de garantir la sécurité de la «Famille», Eltsine parti. Le président et son entourage voudraient s'assurer d'une certaine pérennité au pouvoir, en y laissant leurs hommes à des postes clé. Mais Loujkov a son équipe. Et Primakov n'a pas caché ce qu'il pensait des «oligarques» qui gravitent autour du Kremlin, à commencer par Boris Berezovski. La décision de l'ex-Premier ministre, qui caracole en tête des sondages,