Pristina, envoyé spécial.
Les tractations sont longues. Il faut montrer patte blanche. Puis patienter encore, le temps que Jakica manoeuvre gâches et verrous, l'oeil toujours rivé à l'oeilleton percé au milieu du blindage. Terrorisée. «Ils me harcèlent», chuchote-t-elle, épiant le palier, pressant ses visiteurs de refermer la porte. A double tour, une chaîne glissée sur le chambranle. «Voilà!" Bonjour!" Pardon. Je deviens folle.» On le serait à moins. «Pas une journée sans menaces. Hier, trois jeunes filles, très polies, sont venues me demander si l'appartement n'était pas à louer. Je leur ai répondu que non. Elles voulaient tout de même le visiter. Je n'ai pas ouvert. Le soir, elles sont revenues avec un homme, un costaud. Pendant dix bonnes minutes, ils ont sonné, tambouriné, crié. Aucun voisin n'est venu à mon secours. Heureusement que mon téléphone fonctionne. J'ai appelé l'Otan.» A l'arrivée de la patrouille, les voyous avaient déjà pris le large. Et les soldats britanniques ont simplement apposé sur l'huis une affichette: «Ce logement est sous la protection de la Kfor», la Force internationale de sécurité au Kosovo. Le panonceau orne désormais la plupart des résidences serbes de Pristina. Sans dissuader en rien les incendiaires en mal de revanche ou les réfugiés des villages albanais détruits à la recherche d'un abri pour leur famille. Sur les collines de Moravska, en plein centre-ville, le quartier rom n'est plus que ruines alors qu'il était absolument intact à l'entr