Berlin de notre correspondante
Le socialisme triomphant par les armes et le travail: en prenant ses fonctions ce lundi dans son nouveau bureau de Berlin, c'est la première chose que le chancelier allemand, Gerhard Schröder, aura sous les yeux pour s'inspirer. Une immense peinture sur verre de 1964 représentant «l'histoire du mouvement des travailleurs allemands» de 1918 jusqu'à la création de la RDA. Elle décore l'escalier de l'ancien bâtiment du Conseil d'Etat de l'Allemagne de l'Est, où Schröder va s'installer, en attendant l'achèvement de la nouvelle chancellerie, prévu fin 2000. Le chancelier n'utilisera pas le bureau d'Erich Honecker, le dernier numéro un du régime communiste, mais une pièce à côté. Chaque semaine, le Conseil des ministres siégera autour d'une grande table ronde récupérée dans la cave du bâtiment.
Improvisation. Révérence tardive pour la défunte dictature communiste? «Bien sûr que non, réplique-t-on dans l'entourage de Schröder. L'histoire est ce qu'elle est, il faut bien faire avec.» Dans cette réappropriation du Conseil d'Etat de la RDA, il faut plutôt voir le résultat de l'improvisation et des contingences. En 1993 encore, les plans d'aménagement de la capitale prévoyaient de raser le bâtiment. Il n'a été sauvé des marteaux-piqueurs qu'après la mobilisation de l'opinion est-allemande et d'historiens, rappelant que ce bâtiment était parmi les plus intéressants construits par la RDA: il intègre en effet le portail de l'ancien château des Hohenzollern (d