Gijón, envoyé spécial.
C'est l'histoire d'un pauvre émigrant dont le funeste destin aurait dû sombrer dans l'anonymat. Originaire de Kinshasa (république démocratique du Congo, RDC), Moubiala Kipupa a suivi le parcours trop connu de celui qui veut rejoindre à tout prix le riche Occident: parti dans un bateau improbable, relégué à Ceuta, ce bout d'Espagne sur la côte marocaine, dans l'immense camp de réfugiés de Calamocarro. Chanceux, Moubiala passe la frontière avec l'aide la Croix-Rouge et atterrit dans les vertes Asturies, à Gijón. Cela fait déjà huit mois qu'il s'y morfond, sans papiers, vivant d'expédients et partageant avec deux compatriotes un appartement exigu. Un avenir sans horizon" jusqu'à ce mercredi 18 août, depuis lequel le Congolais de RDC est devenu l'immigré le plus célèbre d'Espagne, assailli par la presse et les télévisions. Au point que le ministre de l'Intérieur lui-même, Jaime Mayor Oreja, a parlé de légaliser sa situation et de l'aider à trouver un emploi. «Cas humanitaire». Ce jour-là, à l'aube, un garde-frontière de Ceuta découvre, au pied de la barrière haute de 2,70 m une gamine en sanglots, mais indemne. Sur elle, un papier portant cette inscription: «Clarice, fille de Moubiala Kipupa, nationalité RDC, ex-Zaïre, tél. 0034», accompagné d'un numéro de mobile. Qui a jeté la fillette par-dessus la barrière? Le garde-frontière a parlé d'une ombre qui s'est vite éclipsée. On n'en saura pas plus. La nouvelle, en tout cas, provoque un choc dans le pays. C