Ugljare, envoyé spécial.
Sur le bord de la piste, trois tombes. Fosses rectangulaires de faible profondeur, creusées dans un terreau sablonneux. «Les corps étaient tout juste recouverts, assure Nexhmedim Mustafa. Dans ce trou, une femme et un enfant avaient été jetés l'un sur l'autre. Il y avait des douilles tout autour.» Une fosse commune de victimes présumées serbes, qui prend une dimension politique majeure, Belgrade s'emparant de l'affaire pour mettre en cause l'Otan, l'ONU, et surtout les Etats-Unis, responsables de ce secteur autour de Gnjilane, dans l'est du Kosovo.
Gêne. Dans cette vallée isolée, les villageois des hameaux environnants ne s'aventurent guère. «C'est un apiculteur qui a trouvé les cadavres. A cause de l'odeur. Il a prévenu les soldats de l'Otan.» Alors seulement, les paysans albanais de Pograde et d'Ugljare sont venus voir. «Personne ne s'était inquiété, précise Ekrem Sherifi. Aucun habitant de la commune n'a disparu.» Ces morts-là, «on ne sait pas qui ils sont».
D'évidence, la découverte de ces fosses communes au milieu des montagnes suscite plus de gêne que de révolte dans les villages albanais limitrophes. «Nous ne savons pas s'il s'agit de Serbes ou d'Albanais», admet péniblement Ekrem Sherifi. Et c'est bien là le problème. Dans le compte rendu quotidien des activités de la Force internationale de sécurité (Kfor), mercredi, un paragraphe sybillin: «Le Tribunal pénal international et le Département des enquêtes criminelles (CID) ont entamé des recherch