Brasilia, envoyé spécial.
Lors des grandes manifs, la cellule de base de la gauche brésilienne, c'est l'autobus. Quand les leaders nationaux lancent un appel à mobilisation, celui-ci se répand dans les Etats, suivant les capillarités des milliers d'organisations que compte le Brésil. Leur réaction est le thermomètre fidèle de l'état de la grogne qui se traduit ensuite par une question décisive: va-t-on ou pas louer un bus pour aller défiler? Dans ce pays géant, le transport par autocar est en effet la seule manière viable d'effectuer de longs voyages. L'indice de location des bus permet alors aux organisateurs de prévoir, avec une relative précision, le nombre de manifestants venus de loin, auxquels se joignent en dernière minute, les locaux. C'était le cas hier pour la «marche des 100 000» qui a rassemblé 90 000 personnes selon les organisateurs et 60 000 selon la police convoquée par une myriade d'organisations sociales et de gauche pour protester contre la politique économique et les «affaires» qui entourent le régime du président Cardoso.
Renato Barbosa, 45 ans, est représentant de commerce, et visiblement un habitué de cette forme de tourisme politique. Cette fois, il est venu «renverser FHC» (les initiales de Fernando Henrique Cardoso), et pour se faire, il a quitté lundi soir l'Etat amazonien de Rondonia. La Commission pastorale de la terre, les syndicats, le Mouvement des sans-terres et quelques autres groupes ont divisé les frais pour envoyer ce convoi à Brasilia