Moscou, de notre correspondante.
La Russie semblait, vendredi, sonnée par l'avalanche de révélations occidentales sur la corruption au sommet de l'Etat. Pourtant, la grande majorité des Russes est depuis longtemps convaincue d'être dirigée par «des voleurs». Mais, cette fois, les accusations viennent de l'Ouest, menaçant le pays d'un discrédit durable. «C'est clair, écrivait vendredi le quotidien Izvestia, progouvernemental, il s'agit d'une vaste campagne de dénigrement des dirigeants russes, des hommes d'affaires et du pays tout entier. Ses effets seront destructeurs. Bientôt, tout Occidental sérieux refusera de faire des affaires avec la Russie. Parce qu'on sera tous considérés comme des bandits et des voleurs.» Seule la presse se faisait l'écho de ces inquiétudes. La classe politique observe un silence assourdissant, notamment l'opposition communiste. En vacances parlementaires, les députés préparent les législatives de décembre. Et leur priorité est que la tenue du scrutin ne soit pas menacée par un nouveau coup de sang de Boris Eltsine. D'où le souci de ne pas indisposer le Kremlin.
Passe d'armes. Les révélations de la presse italienne sur les liens de la famille Eltsine avec Bexhet Pacolli, le patron d'une firme suisse soupçonné de corruption, ont tout de même donné lieu à une passe d'armes entre deux grands ennemis: l'homme d'affaires Boris Berezovski, un proche du Kremlin, et le maire de Moscou, Iouri Loujkov, la bête noire du Kremlin. «Tout cela est une provocation, e