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Libération

La télévision dérange le pouvoir. Kanal 6 est privée d'émission pour cause de «provocation».

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publié le 28 août 1999 à 0h10

Istanbul, intérim.

La décision du Haut Conseil de la radio et de la télévision turc (RTUK) d'imposer une semaine d'écran noir à la télévision Kanal 6 est-elle politique? La mesure, en tout cas inédite par son ampleur, a déchaîné la colère de la profession contre ce qui est compris comme un acte de «censure». Il n'échappe à personne que cette sanction, prise au prétexte d'«incitation à la haine» et de «provocation» par l'organe de contrôle de l'audiovisuel, fait suite à une requête du ministre de la Santé, Osman Durmus, qui s'est plaint des attaques personnelles dont il faisait l'objet dans les reportages des six principales chaînes de télévision privées turques. Ses allusions à l'«inutilité» des secours étrangers, entre autres, avaient débouché sur une minicrise gouvernementale. Pour l'Association des journalistes turcs et le Conseil de la presse turque, cette interdiction de diffuser prouve en tout cas que le RTUK n'est pas un organe indépendant.

Certes, les médias audiovisuels ne sont pas exempts de toute critique, et Kanal 6 ne fait pas partie des écrans les plus soucieux de rigueur professionnelle et de respect de la déontologie. Mais cette chaîne en particulier a-t-elle plus que les autres et plus que d'habitude versé dans le sensationnalisme facile? «Ecoeurants, raconte Nükte, publicitaire de 32 ans, les images de blessés et de morts, les cris et les pleurs filmés la première nuit et qui sont repassés pendant plusieurs jours.» L'événement était porteur, et le travers vo