Leskovac correspondance
Ils ont manifesté pendant quarante-quatre jours pour réclamer la tête de Zivojin Stefanovic, chef du district, véritable gouverneur, nommé par Belgrade, de ce bastion socialiste du sud-est de la Serbie. Au fil des jours, confrontés aux manoeuvres d'intimidation du pouvoir menaces et arrestations et à la faiblesse du soutien des autres villes et de la capitale, leurs rangs se sont amoindris. Les «marches» ont cessé. Maintenant, le pouvoir se venge. La semaine dernière, le procès de neuf personnes, surtout des jeunes d'une vingtaine d'années, s'est ouvert devant un tribunal de la ville. Il leur est reproché d'avoir démoli la maison du chef du district à l'issue d'une manifestation.
Main de fer. Cette ville à l'économie détruite, tenue d'une main de fer par les partisans de Milosevic, s'était trouvée pendant un mois au centre de l'attention. Tout avait commencé trois semaines après de la fin de la guerre au Kosovo. Le 1er juillet, un jeune technicien de la télévision locale, un inconnu de 34 ans sans affiliation partisane, avait interrompu les programmes pour diffuser une cassette préenregistrée où il mettait en cause le chef de district et appelait à manifester le 5 juillet. Ce lundi-là, ils s'étaient retrouvés 20 000, un record.
Ivan Novkovic avait été arrêté le lendemain et condamné à trente jours de prison. Le flambeau avait été repris par d'autres inconnus. A sa sortie de prison jeudi dernier, acclamé par plus de 3 000 personnes, ce père de famill