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Interview

Jonas Savimbi, chef de la rébellion angolaise«Il n'y a pas de solution militaire» Sans soutien extérieur, les rebelles dominent les deux tiers du pays.

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publié le 30 août 1999 à 0h10

Andulo envoyé spécial

L'ONU vous tient pour le «principal responsable» de la guerre civile en Angola et vous impose des sanctions. Depuis 1986, quand Ronald Reagan vous a décoré comme «combattant de la liberté», votre prestige international a beaucoup souffert" Comme les Etats n'ont pas d'amis ou d'ennemis, mais seulement des intérêts, j'en déduis que les intérêts de mes amis d'hier, notamment des Etats-Unis, ont changé. Aujourd'hui, on me boycotte, on m'empêche de voyager, on me traite de paria. Seulement, à l'intérieur de l'Angola, les intérêts en conflit n'ont pas changé. Et mon prestige auprès de la population est intact. Ici, on se moque pas mal de ce qu'on dit et décide à l'extérieur. Pour moi, c'est dur d'être indésirable. Mais puisque l'Angola est l'enjeu, et non ma personne, je suis confiant que les choses changeront de nouveau en notre faveur.

Est-ce le changement d'alliance des Etats-Unis qui a entraîné la communauté internationale?

C'est l'évidence même. Avant 1988, nous étions bons à combattre les Cubains et les Russes en Angola. Et, sans fausse modestie, par rapport au Nicaragua et à l'Afghanistan, nous étions les meilleurs «combattants de la liberté» pour l'Occident. Mais, une fois les Cubains et les Russes partis, l'Unita n'avait plus d'utilité pour les Etats-Unis. Depuis le revirement américain, en 1992, on ne nous appelle que pour signer notre reddition, pour consentir à notre liquidation politique, sinon physique. L'accord de paix de Lusaka, en 1994, était p