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Libération

La mort de «l'évêque rouge».«L'agitateur» brésilien Dom Helder Camara combattait misère et dictature.

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publié le 30 août 1999 à 0h09

Rio de notre correspondant

Mort à 90 ans dans son domicile de Recife, Dom Helder Camara a été l'un des personnages les plus influents de l'Eglise brésilienne au cours de ce siècle, acquérant dans la résistance à la dictature militaire et dans la dénonciation de la misère une stature allant bien au-delà de son pays. Plusieurs milliers de personnes ont assisté samedi aux funérailles de l'ancien «évêque rouge» en la cathédrale d'Olinda, dans le nord-est du Brésil.

Au début de son sacerdoce, il avait pourtant fréquenté un temps les cercles «intégralistes», proches du fascisme. «Une erreur de jeunesse», avouera-t-il des années plus tard. Sans doute ce faux pas était-il déjà une manière de vouloir se démarquer d'une Eglise brésilienne depuis toujours complice du pouvoir, cloîtrée et pédante.

«Agitateurs». Le jeune prêtre se lance très vite à fond dans l'engagement social de l'Eglise. Helder Camara devient un des premiers «agitateurs» (il aimait ce terme) à secouer la léthargie ecclésiale en participant en 1952 à la fondation de la Conférence épiscopale brésilienne (CNBB). Chaque année, celle-ci regroupe les évêques et définit les priorités nationales de l'Eglise. Un acte subversif, alors, au Brésil: face au pouvoir, l'Eglise se dote ainsi d'une structure politique, capable de mener des campagnes, d'ébranler la dictature militaire en défendant sans relâche les droits de l'homme, et, plus récemment, de remonter les bretelles des gouvernements civils, chaque fois que ceux-ci sabrent