Dili envoyé spécial
«Si les autres vont voter, j'irai aussi. Mourir aujourd'hui ou mourir demain, peu importe, on ne meurt qu'une fois.» Aoreo Gusmão, curé de la petite église catholique de Balide, au centre de Dili, n'est guère optimiste sur le déroulement du référendum d'autodétermination qui doit se tenir aujourd'hui sous l'égide des Nations unies (lire ci-contre).
Avec leurs murs surmontés de barbelés et leurs lourds portails en fer, l'église et l'école catholiques, qui se jouxtent, ressemblent à un vrai campement militaire. A l'intérieur, c'est un camp de réfugiés que l'on découvre. Des centaines de personnes, des femmes et des enfants en majorité, s'entassent dans les salles de classe et les couloirs du presbytère. «Ils sont totalement terrorisés par les miliciens anti-indépendantistes», souligne le prêtre, qui, lui-même, n'en mène pas large. «Beaucoup d'autres habitants du quartier ont préféré pour leur salut aller se cacher dans les montagnes, ce qui a eu pour effet de vider pas mal de quartiers. La peur est telle que même les personnes qui se sont mises sous la protection de notre Eglise n'osent pas s'avouer entre elles si elles voteront pour l'autonomie (au sein de l'Indonésie) ou contre l'autonomie (et donc pour l'indépendance).»
Menaces. L'une des cours de l'école est emplie de taxis et de minibus privés. Accroupis sous un préau, leurs propriétaires, qui fument kretek sur kretek (cigarettes au clou de girofle), rapportent que les milices ont commencé il y a quelques