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Analyse

Un scrutin sous surveillance défectueuseLa violence risque de fausser le résultat.

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publié le 30 août 1999 à 0h09

Dili envoyé spécial

Il y a encore quinze mois, le scrutin qui doit se dérouler aujourd'hui sous l'égide de l'ONU au Timor-Oriental était impensable: le général Suharto, qui avait planifié l'invasion de Timor-Est en décembre 1975, puis son annexion l'année suivante comme 27e province de l'archipel, était encore au pouvoir. Les Etats-Unis et l'Australie, voisine du Timor, avaient cautionné discrètement Suharto. En pleine guerre froide et en pleine guerre du Viêt-nam, Washington comme Canberra avaient vu comme une nécessité l'invasion de ce petit territoire qui pouvait devenir un «Cuba potentiel».

Napalm. Pourtant, la brutalité de l'invasion et les innombrables exactions subies par les Timorais dans les années qui suivirent suffirent à elles seules à garantir la pérennité d'une résistance contre ce qu'il faut bien appeler une colonisation. 200 000 Timorais (sur une population de 800 000) furent tués par l'armée indonésienne (et les nombreux Timorais qu'elle avait enrôlés) ou périrent de maladie et de faim dans les montagnes où ils avaient été contraints de se réfugier, ou encore dans les camps de concentration installés par Djakarta. Les populations civiles furent bombardés au napalm. Tout se passait à huis clos. Des habitants de Dili se souviennent avec terreur de ces jours de décembre 1975, et notamment d'un épisode particulièrement lugubre: l'exécution, sur le port, de quelque 3 000 sympathisants ou militants du Fretilin (Front de libération du Timor-Est), à qui ont avait fait