Dili, envoyé spécial.
Pour les habitants du Timor oriental, le jour était solennel. Dans leur immense majorité catholiques, ils sont allés voter hier comme ils se rendent à la messe dominicale: en habits du dimanche et dans un calme recueilli. Le scrutin tant attendu, organisé par les Nations unies, doit déterminer si le territoire accédera ultérieurement à l'indépendance ou s'il demeurera indonésien. Les résultats ne seront connus qu'à l'issue d'un dépouillement qui devrait durer une semaine. A la clôture des bureaux de vote cependant, les représentants de l'ONU estimaient à 85% la participation des 451 000 inscrits (sur une population de 800 000 habitants). Un tel score paraît assurer une victoire sans conteste du camp pro-indépendantiste.
«Après vingt-quatre ans d'occupation, de violence et d'humiliation, de discrimination et de peur, le peuple de Timor-Est s'est enfin rendu aux urnes pour décider de son destin», a déclaré depuis l'Australie où il vit José Ramos Horta, prix Nobel de la paix et militant infatigable de l'indépendance de l'ancienne colonie portugaise annexée par l'Indonésie en 1976. «Il ne peut pas y avoir de moment plus important pour mon pays.»
La grande majorité de la population a décidé de vaincre sa peur. Une heure après l'ouverture des bureaux de vote, placés sous la responsabilité de fonctionnaires de l'ONU, la moitié des inscrits faisait déjà la queue pour déposer un bulletin dans l'urne. «J'ai rarement vu des foules aussi disciplinées», fait remarquer