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Libération

Les services secrets suisses, vache à laitLe comptable qui avait pillé les caisses de l'armée passe aux aveux.

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publié le 1er septembre 1999 à 0h39

Genève de notre correspondant

L'affaire semble tirée d'un roman de Graham Greene. Dino Bellasi, un modeste comptable des services secrets suisses, a détourné en toute impunité pendant cinq ans des dizaines de millions de francs français et créé un petit arsenal d'armes de guerre pour, semble-t-il, enrichir sa collection personnelle. Dino Bellasi était aussi chargé de tenir à jour la liste des membres du service de renseignement de l'armée.

De quoi non seulement ridiculiser les services secrets helvétiques, mais leur porter un tort considérable. Les «sources» et les services «amis» vont-ils continuer à collaborer avec une organisation secrète qui semble aussi poreuse qu'un gruyère? Dans une déclaration devant le Parlement, le ministre suisse de la Défense, Adolf Ogi, a promis hier de «faire toute la lumière afin de révéler la vérité». Il a regretté que «l'armée et l'administration soient discréditées» et a rejeté l'idée de «démanteler le service de renseignement de l'armée».

Failles du système. Ce scandale souligne une fois de plus les carences du système politique et militaire helvétique. Fonctionnaire à l'apparence terne dans l'exercice de son travail, le capitaine Dino Bellasi, 39 ans, ne manquait pas de ressources. Comptable au sein des services secrets suisses, il a tranquillement détourné de 1994 à 1999 quelque 8,6 millions de francs suisses (35 millions de francs français) des caisses de l'armée. Il n'a pas eu à forcer un coffre-fort. Pendant cinq ans, il s'est simplemen