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Libération

Les trente ans de règne brouillon du colonel Kadhafi.Le révolutionnaire de 1969 a fini par indisposer tout le monde.

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publié le 1er septembre 1999 à 0h40

La coutume est ainsi. Les hôtes du colonel ne repartent jamais les

mains vides de Tripoli. Les valises contiennent des dollars, 3 millions, 5 millions, 10 millions. «C'est selon la taille du pays, le contact et l'humeur du colonel. De toute façon, l'argent n'a aucune importance dans les pays pétroliers. L'essentiel, en Libye, c'est d'y croire», dit un diplomate. En trente ans de règne ­ et Mouammar Kadhafi les fête aujourd'hui ­, une bonne partie des révoltés de la planète a, pêle-mêle, bénéficié des engouements libyens. Il y a eu les Irlandais de l'IRA, les Kanaks, la plupart des tendances tchadiennes, les rebelles islamistes ou les combattants palestiniens d'Abou Nidal. Le colonel a fini par se brouiller avec tous. Il a défendu le panarabisme, avant de traîner ses voisins musulmans dans la boue. «Tant d'argent dépensé en vain», soupirait-il l'an dernier. Il y a cru. Il n'y croit plus.

«Tout noir». Aujourd'hui, ce sont les chefs d'Etat africains qui se succèdent à Tripoli. Et Kadhafi se reprend à rêver encore une fois, mais désormais d'une Afrique unifiée sous sa houlette. «Si moi-même je pouvais être noir, tout noir. Ou si au moins toutes les femmes de Libye pouvaient se marier avec des Africains», répète-t-il. Il distribue des dollars, encore des dollars à la Centrafrique ou à la République démocratique du Congo. Nelson Mandela, sage respecté du continent, a appuyé le sommet de l'OUA qui doit se tenir le 6 septembre à Tripoli et fait la médiation entre la Libye et les grand