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Libération

L'argent de la «purification ethnique» au Kosovo. Des miliciens serbes ont expliqué au «Wall Street Journal» comment ils s'étaient enrichis.

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publié le 2 septembre 1999 à 0h39

Pour les paramilitaires serbes au Kosovo, le nettoyage ethnique des

Albanais était avant tout une affaire d'argent. Telle est la conclusion à laquelle a abouti le Wall Street Journal après quarante heures d'entretiens avec huit miliciens rencontrés au Monténégro. Le témoignage de quatre de ces hommes, qui ont tu leur identité, a été publié mardi par le journal américain. Ils affirment avoir en moyenne gagné 15 000 marks allemands par mois plus une part des biens pillés pendant la campagne de purification ethnique qui s'est poursuivie de mars à juin. Leur récit corrobore une série d'hypothèses avancées pendant les événements, notamment que la campagne avait été préparée avant les frappes, qui ont commencé le 24 mars, et que ces groupes oeuvraient en contact étroit avec les autorités civiles et militaires serbes. Le premier interviewé, Tony, 27 ans, ex-étudiant en économie et ancien contrebandier, appartenait au groupe paramilitaire le plus connu, les Tigres dirigés par Arkan, récemment inculpé par le tribunal pénal de La Haye pour crimes de guerre en Croatie et en Bosnie. Son récit contredit les déclarations d'Arkan qui prétend que ni lui ni ses hommes n'ont été impliqués au Kosovo. L'homme, qui affirme n'avoir pas pris part à des crimes, était chargé de dispatcher les camions ramassant les biens albanais raflés. Recruté au début de l'année par les Tigres, Tony avait reçu des responsables serbes locaux civils et policiers, trois semaines avant le début des bombardements, des