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Libération

L'Unita en sa ville fantôme. Les rebelles angolais ont repris ce verrou fin juillet. La guerre civile va durer.

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publié le 2 septembre 1999 à 0h38

Kuvango, envoyé spécial.

Depuis l'indépendance de l'Angola, en 1975, Kuvango est une ville fantôme. Vides, pillées jusqu'au dernier clou au cours du quart de siècle, les maisons coloniales aux couleurs pastel écaillées s'alignent le long de larges avenues et de trottoirs soigneusement pavés. Des lampadaires rappellent qu'on disposait ici, du temps des Portugais, de l'électricité. Au coeur de la ville, qui s'appelait alors Artur de Paiva, il y avait un parc d'agrément, avec une aire de jeux pour les enfants et un mini-zoo dont témoigne encore une enfilade de cages grillagées. Un grand cinéma jouxte la poste et l'hôtel des recettes. Sur la façade de l'église, l'inscription Domus Dei témoigne de l'ardeur d'une foi chrétienne qui s'accommodait d'une parfaite ségrégation. En deçà du chemin de fer, qui vient de la côte atlantique et va vers l'intérieur, s'égrène la résidence du gouverneur, la mairie, l'hôpital et la police. Les «indigènes» vivaient au-delà de cette ligne de démarcation, à part, dans leurs masures et paillotes. Chars soviétiques. Les forces armées angolaises ont tenu Kuvango pendant onze ans, depuis 1988. Elles n'y ont rien aménagé, se sont contentées de murer les portes et fenêtres des bâtiments qui ne leur servaient pas de logis, d'entrepôts de munitions ou de greniers de maïs. Aussi, nul ne sait exactement combien d'habitants vivaient avec la troupe gouvernementale dans ce décor abandonné. Lequel vient de changer de propriétaire. Le 30 juillet, au terme d'une b