Moncton, envoyé spécial.
Il est revenu à un président africain de rappeler à la francophonie, au nom du continent dont le poids diminue inexorablement, que «la magie du verbe doit se soumettre à la réalité des actes». Vendredi, à l'ouverture du hutième sommet des 52 pays ayant le français en partage, le chef de l'Etat du Mali, Alpha Oumar Konaré, a conjuré ses pairs de ne pas oublier, en se congratulant d'un «sommet dédié à la jeunesse», que des jeunes sont enrôlés en masse comme enfants-soldats, qu'ils sont les «forçats du travail clandestin», qu'ils fuient leurs pays «dans un train d'atterrissage ou au risque de se noyer dans la mer» et que, dans le monde tel qu'il est, vouloir envoyer un enfant sur deux à l'école «constitue déjà un défi». Or, a conclu le président de l'un des pays les plus pauvres de la planète, la francophonie ne respectera les valeurs qu'elle professe qu'en cessant de «garder le silence quand les droits humains sont bafoués».
«Combattants exemplaires». Vendredi à Moncton, les droits de l'homme sont apparus comme la condition sine qua non de la politisation de la francophonie, décidée il y a deux ans pour faire du regroupement linguistique un acteur de plein droit sur la scène internationale. «L'opinion publique ne comprendrait pas que la francophonie ne soit pas plus exigeante dans le domaine de la démocratie et des droits de l'homme, qui sont des impératifs catégoriques», a expliqué Boutros Boutros-Ghali, le secrétaire général du mouvement. Hôte du somm