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Libération

Le travail de sape des militaires. Le président indonésien pourra-t-il les faire plier?

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publié le 4 septembre 1999 à 0h37

Dili, envoyé spécial.

L'annexion du Timor oriental par l'Indonésie, en 1976, n'avait été reconnue à l'époque que par l'Australie (Canberra s'est dédit voilà quelques mois). Considérant toujours le Portugal, qui avait abandonné le territoire en 1975, comme la «puissance administratrice», les Nations unies s'étaient refusées à reconnaître le fait accompli. Djakarta, dont la campagne militaire pour le contrôle de ce bout d'île s'est soldée par la mort de 200 000 Timorais, s'est ingénié pendant vingt-trois ans d'occupation à compenser ce déficit de légitimité internationale en convainquant ses citoyens que le Timor-Est était la «27e province» de l'archipel.

L'armée, pilier du pouvoir. C'est pourquoi, lorsque le président indonésien, Yussuf Habibie, décida d'envisager, en janvier, l'indépendance du Timor-Est, tout le monde fut pris par surprise. A commencer par son ministre des Affaires étrangères, Ali Alatas, qui n'avait pas été informé de cette volte-face. Mais les plus désemparés furent les militaires indonésiens. L'armée, garante de la Constitution et de l'intégrité du territoire, véritable pilier du pouvoir politique (elle dispose d'un quota de députés au Parlement), n'a eu de cesse, depuis, de saper le processus de référendum mis en branle par Habibie. Ce dernier, un ingénieur qui a vécu vingt ans à l'étranger, beaucoup plus perméable aux récriminations de la communauté internationale que son prédécesseur, a sans doute compris que la tutelle de Djakarta était peine perdue.

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