Jérusalem, de notre correspondant.
André Rosenthal, un célèbre défenseur israélien des droits de l'homme, n'y croit toujours pas. «C'est trop beau!» s'exclame-t-il après la décision de la Cour suprême d'interdire l'usage de la torture. Depuis le matin, il lit et relit les 27 pages d'attendus à la recherche de la faille juridique, de la petite phrase qui permettrait une fois de plus au Shin Beth, le service de sécurité intérieure, de contourner les lois internationales. «Cela fait si longtemps que l'on me dit de rentrer chez moi et que mes pétitions sont rejetées. Et voilà que la justice donne enfin de la voix.»
Le «crapaud». L'arrêt, rendu public hier matin, a été pris à la quasi-unanimité. Un seul des neuf magistrats a suggéré sans succès de donner un an de répit aux autorités. Le plus haut échelon de l'appareil judiciaire ne se contente pas de réitérer un principe universellement admis. Il recense, pour mieux le condamner, tout l'arsenal des interrogateurs israéliens. La cour déclare notamment que «le Shin Beth n'est pas autorisé à secouer une personne, à la forcer à prendre une position [douloureuse] ou à s'accroupir sur la pointe des pieds dans la posture dite du "crapaud ou encore à la priver de sommeil».
Dorénavant, obliger un détenu à s'allonger sur un banc, selon la méthode de la «banane», la tête et le bassin dans le vide, la colonne vertébrale écartelée sous le poids, les mains jointes par des menottes au-dessous du siège, constitue bien un cas flagrant de torture au