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Libération

Italie: l'affaire Ustica rattrape l'armée. En 1980, le crash mystérieux d'un DC 9 avait fait 81 morts.

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publié le 8 septembre 1999 à 0h34

Rome, de notre correspondant.

Depuis Mussolini, aucun officier italien n'avait été traduit devant les tribunaux pour haute trahison. Le juge d'instruction Rosario Priore vient, lui, de renvoyer d'un coup devant une cour d'assises quatre généraux dont un ancien chef d'état-major, avec l'accusation infamante d'«atteinte aux organes constitutionnels» et de «haute trahison». Avec cinq autres officiers supérieurs, ils sont soupçonnés d'avoir caché la vérité sur la tragédie aérienne qui, le 27 juin 1980, coûta la vie à 81 personnes à bord d'un DC 9 civil de la compagnie Itavia, au large de la petite île d'Ustica, au nord de la Sicile.

Le magistrat reproche en particulier à ces militaires d'avoir «d'un commun accord et dans un même dessein criminel entravé l'action du gouvernement de la République concernant le désastre du DC 9 d'Itavia». En clair, d'avoir systématiquement cherché à détourner les enquêtes et d'avoir menti sur la «possible présence» d'avions militaires autour de l'appareil civil le soir de la catastrophe. Car après plusieurs années d'enquête et sur la base d'un dossier de plus de 4 000 pages, Rosario Priore soutient qu'un «acte de guerre» est à l'origine de l'explosion du DC9 qui se serait trouvé malencontreusement au milieu d'une bataille aérienne.

Selon l'hypothèse privilégiée par le magistrat, un appareil militaire occidental (sans doute américain ou français) aurait tiré en direction d'un Mig probablement libyen caché sous la carlingue du DC 9 pour échapper à la s