Bruxelles (UE), de notre correspondant.
Une Commission forte et à l'autorité retrouvée. Un Parlement européen sûr de sa légitimité et de ses nouveaux pouvoirs. C'est sans doute la première fois que les deux institutions les plus fédératrices par fonction de l'UE affichent une telle puissance politique et se retrouvent ainsi en phase, prêtes à donner un coup de fouet à une construction communautaire. Tel est le principal enseignement des sept jours d'auditions des futurs commissaires par les 626 eurodéputés réunis à Bruxelles. Les gouvernements des Quinze, qui ont appelé de leurs voeux avec plus ou moins d'hypocrisie selon les latitudes un renforcement de ces deux organes, vont découvrir dans les prochains mois l'étendue de leur douleur. Car, si depuis cinq ans, profitant de la faiblesse structurelle de la Commission présidée par le Luxembourgeois Jacques Santer, le Conseil des ministres ou le Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement ont imprimé le rythme ou, pour le coup, l'absence de rythme, de la construction européenne, ce ne sera désormais plus le cas. Dans tous les domaines, tant la Commission Prodi, qui sera investie par le Parlement le 15 septembre, que la nouvelle Assemblée de Strasbourg sont décidées à accélérer l'intégration communautaire en faisant prévaloir leurs priorités sur celles des gouvernements: on peut citer la réforme globale des institutions, la rédaction d'une constitution européenne, la mise en place d'une Europe de la défense, etc