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Libération

Angola: les diamants de la rébellion. Sur le fleuve Kwanza, pêche aux pierres précieuses avec l'Unita.

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publié le 11 septembre 1999 à 0h31

Joia, envoyé spécial.

A travers la forêt, un sentier mène à la berge argileuse où une vingtaine d'hommes, les uns torse nu, les autres en uniforme et en armes, entament leur travail dès l'aube. Ils dressent une petite table en plastique, où s'installe le contrôleur, en habits de ville, lui. Puis, le temps pour trois d'entre eux d'enfiler des tenues de plongeur en caoutchouc rafistolées aux genoux et aux coudes, d'autres mettent un compresseur en marche dont le vrombissement trouble le calme matinal sur le fleuve. Après avoir franchi des rapides, le Kwanza s'écoule ici lentement en formant des bassins entre des rochers grands comme des jouets de cyclope. Dans ces eaux dormantes, prisées par les hippopotames et les caïmans, des périmètres ont été délimités à l'aide d'une corde rouge. Halant leur Zodiac jusqu'à l'endroit propice, les trois hommes-grenouilles plongent à la recherche des joyaux que recèle le lit du fleuve.

Offrandes. «Joia», le mot portugais pour bijou, est le nom donné à ce lieu-dit. Au fil des heures, on comprend pourquoi. Les sacs de gravier ramassé par les plongeurs sont, pelletée par pelletée, passés sur des tamis que des hommes, debout dans l'eau, agitent avec dextérité. Le sable, puis les gros cailloux disparaissent à force de mouvements giratoires, entrecoupés de brusques secousses. Quand les pierres ne dépassent plus une certaine taille, les laveurs tendent leurs tamis, tels des offrandes, vers des soldats accroupis devant eux sur la rive. Les hommes arm