Kosovska Mitrovica, envoyé spécial.
Sur le pare-brise du bus, une seule destination. Belgrade, terminus de l'exode. Pour ces femmes, leurs enfants, qui s'entassent sur les sièges entre des monceaux de ballots noués à la hâte, les affrontements de la veille ont sonné l'heure du départ. «Seuls les hommes restent. Nous avons décidé de mettre nos familles à l'abri», explique Nikola Kabasic, directeur du Conseil national serbe de Kosovska Mitrovica, «vivre dans la peur est une chose. Mais aujourd'hui, c'est la panique.» Rarement la tension avait été aussi palpable dans la ville divisée. Jamais les incidents n'avaient été aussi violents. Plusieurs dizaines d'Albanais, 37 Serbes et, pris dans ce feu croisé, 15 soldats français ont été blessés, dont 8 touchés par des éclats de grenade. Lourd bilan. Les escarmouches, fréquentes entre les deux communautés, ont cette fois tourné à la bataille rangée. Tout commence dans le village de Kroï-i-Vitakut. Le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations unies a entrepris, depuis quinze jours, d'installer une centaine de familles albanaises au nord de Mitrovica, bastion serbe. En attendant de pouvoir rendre leurs appartements à toutes ces personnes expulsées par les paramilitaires pendant le conflit, un camp de toile a été monté sur un flanc de colline. Une opération délicate, face à l'hostilité de la population slave qui a partiellement occupé les logements vidés par la force. En début de semaine, premier signal alarmant, les autorités ser