Lusaka envoyé spécial
Peter Piot dirige depuis cinq ans la structure internationale ONU-sida. Il est le symbole et le maître d'oeuvre de la lutte mondiale contre le virus, mais ne cache pas ses interrogations sur ce combat qui n'en finit pas d'apparaître comme perdu.
Vous parlez d'épidémie hors contrôle en Afrique. N'est-ce pas là un gigantesque échec de la communauté internationale?
On ne peut pas se contenter d'accuser les organisations internationales. Certes, elles ont leur part de responsabilité, mais aussi les gouvernements, les individus, les communautés, chacun à son niveau. Je crois, d'abord, que l'on a fait une erreur initiale de compréhension: pendant longtemps, on a cru possible de vaincre rapidement le sida. Or, il n'y a toujours pas de vaccin, on n'a pas de réponse générale, et nos moyens sont très limités. On sait maintenant que l'on doit vivre avec le virus. Nos projets prennent un tour alors plus réaliste, plus pragmatique.
Quinze ans de lutte contre la maladie pour en arriver là" Les choses bougent. En Afrique, la classe politique sort de son silence. Depuis un an, les gouvernement au plus haut niveau commencent à se réveiller. Avant, ce n'était que le ministre de la Santé qui agissait, bien souvent sans moyens. En second lieu, les organisations internationales commencent à réagir, quoique bien tardivement. Ce n'est que depuis six mois que l'Unicef et la Banque mondiale ont décidé de faire de la lutte contre le sida une véritable priorité, non pas en paroles