Jijel, envoyée spéciale.
C'était tout sauf une surprise et, pourtant, les deux journalistes algériens les ont vus descendre de la montagne «comme dans un rêve»: «Depuis toutes ces années de conflit où on a parlé d'eux comme des monstres, on les voyait pour la première fois en chair et en os.» Ils portaient des Adidas et des djellabas, des barbes un peu sales et un air surpris. «L'un d'eux était avec sa femme et son enfant né au maquis, une petite fille incroyablement blonde, comme un angelot tombé parmi eux», poursuit le reporter. A Jijel, pour la première fois, un groupe de 53 combattants se revendiquant des GIA (groupes islamistes armés) a accepté de se rendre la semaine dernière. Le calendrier laisse songeur. Le texte sur la concorde civile qui réglemente la reddition des groupes armés avait en effet été promulguée le 13 juillet, mais ce qui apparaît comme son premier résultat notable intervient jusque quelques jours avant le référendum populaire, organisé précisément autour de cette loi. Comme un rituel, l'opération a été célébrée au journal télévisé national, où les maquisards ont essentiellement tenu, après toutes leurs années de lutte, à saluer le président Abdelaziz Bouteflika. Depuis, ils ont été bouclés dans un centre sportif de la région, et plus aucune autorisation n'est accordée à la presse pour s'en approcher.
«No man's land». Que cette opération ait précisément lieu à Jijel, 400 km à l'est d'Alger, ne lasse pas de réjouir les autorités locales. Depuis le début d