Moscou, de notre correspondante.
A l'approche d'élections cruciales, la Russie se trouve au bord du précipice. Dans le Caucase, le Daguestan menace de sombrer dans la guerre. Et à Moscou, une vague d'attentats relance les craintes de l'instauration d'un état d'urgence qui porterait un coup fatal au processus électoral et à la chaotique démocratisation.
Portrait-robot. L'attentat d'hier n'avait toujours pas été revendiqué dans la soirée. A la différence de l'explosion de jeudi, d'abord attribuée au gaz, les enquêteurs ont d'emblée parlé d'«acte terroriste» et estimé qu'il s'agissait dans les deux cas du «même groupe», opérant avec des techniques identiques. Tous les indices qu'ils ont distillés aux médias désignent une seule et même piste, «la piste tchétchène». Un homme «d'origine caucasienne» est recherché pour sa participation supposée aux deux derniers attentats. Il porte un nom d'emprunt caucasien et son portrait-robot a déjà été diffusé. Tout se passe comme si l'opinion avait été préparée à cette curée. Mardi dernier, plusieurs chaînes de télé ont diffusé un film effrayant, montrant comment les Tchétchènes traitaient leurs otages. On y voyait un homme trancher à la hache la tête de l'un des quatre otages britanniques tués l'an dernier.
Le champion de la piste tchétchène est le maire de Moscou, Iouri Loujkov, candidat non déclaré mais sérieux à la présidentielle de l'été 2000. «Il faut instaurer un cordon sanitaire autour de la Tchétchénie, plaidait-il après l'attentat de