Londres, de notre correspondant.
Après la grand-mère agent secret du KGB, la France nid d'espions. Chaque jour, le livre du transfuge du KGB Vasili Mitrokhin et du professeur de Cambridge Christopher Andrew distille des révélations sur les activités des services secrets soviétiques en Occident. Espionnage, désinformation, manipulation, infiltration, tout est exposé dans ce gros livre de 1 000 pages, The Mitrokhin Archives, inspiré par les documents collectés par l'archiviste du KGB passé en Grande-Bretagne en 1992.
A lire le témoignage du transfuge, la France de la guerre froide était la terre d'élection du KGB en raison de la présence d'un Parti communiste puissant et d'un antiaméricanisme latent dans l'opinion. Pas moins de 50 agents, un record, ont réussi à infiltrer les services secrets français, le Quai d'Orsay, les fabricants de matériel militaire, le journal le Monde, le Parti socialiste ou l'Agence France-Presse. Le KGB avait ainsi recruté un chiffreur du ministère des Affaires étrangères, seulement connu sous son nom de code Jour. Jour, employé pendant trente ans par le ministère, aurait permis au KGB d'intercepter le courrier diplomatique chiffré français et aurait facilité le recrutement de plusieurs fonctionnaires du Quai d'Orsay, au moins jusqu'en 1982. C'est seulement en 1983 que la France, avertie par un agent soviétique, mettra fin à ces activités et expulsera par mesure de rétorsion 47 diplomates soviétiques travaillant pour le KGB à Paris. Au sein du PS, les