Moscou, de notre correspondante.
Près de quatre milliards de dollars d'un prêt du FMI à la Russie ne seraient jamais entrés dans le pays et auraient été directement vendus à des banques proches du pouvoir. Les dernières révélations du procureur général Iouri Skouratov relancent le débat sur l'utilisation opaque et pour le moins contestable faite par Moscou des fonds internationaux.
Délit d'initiés. Dans une interview publiée hier par le quotidien anglophone The Moscow Times, Skouratov évoque le prêt accordé en juillet 1998 à Moscou, pour ramener la confiance dans l'économie et soutenir les réserves en devises de la Banque centrale russe (BCR), d'un montant total de 22,6 milliards de dollars. Une première tranche de 4,8 milliards est débloquée le 23 juillet alors que l'Etat, surendetté, est au bord de la faillite. «Seuls 471 millions de dollars [de cette tranche, ndlr] ont effectivement servi à soutenir le rouble; tout le reste, sans même atterrir en Russie, a été vendu à des banques commerciales», affirme Skouratov. Selon le procureur, dans les trois semaines qui ont suivi le déblocage du prêt, la BCR, sur le compte de qui les fonds ont été déposés, a cédé 3,9 milliards de dollars à une vingtaine de grandes banques russes et étrangères, opérant toutes sur le marché financier russe.
Le scénario décrit par Skouratov reprend à la fois ses précédentes affirmations sur les délits d'initiés pratiqués dans les hautes sphères de l'Etat, et les révélations de la presse occidentale sur l