Menu
Libération
Portrait

Un procureur de choc pour le TPI. La Suissesse Carla del Ponte succède aujourd'hui à Louise Arbour.

Article réservé aux abonnés
publié le 16 septembre 1999 à 0h43

Genève de notre correspondante

Magistrate de choc, ne dédaignant pas tirer l'interprétation du droit jusqu'à ses limites, sachant se servir des médias; avec Carla del Ponte, le Conseil de sécurité de l'ONU n'a pas entériné le choix d'une personnalité lisse pour succéder aujourd'hui à Louise Arbour comme procureur du Tribunal pénal international sur l'ex-Yougoslavie (TPI) et sur le Rwanda (TPR). Dans une Suisse influencée par le droit germanique et habituée aux «juges arbitres», Carla del Ponte appartient à la race très minoritaire des procureurs «justiciers», de type latin, comme les Falcone, Garzon ou Bruguières.

L'influence de Falcone. Avocate de formation, cette Tessinoise de 52 ans a été nommée procureur de la Confédération helvétique en 1994. Elle donne très rapidement une véritable consistance à cette fonction, jusqu'ici réservée à des notables assoupis. Ses cibles: le crime organisé, le blanchiment d'argent sale, les circuits des narco-trafiquants. Elle perquisitionne en personne dans des sociétés russes où plane l'ombre du Kremlin, s'attaque au frère d'un ancien président mexicain, Raoul Salinas, accusé de tremper dans le recyclage de l'argent de la drogue, gèle des comptes bancaires appartenant au clan pakistanais Bhutto, déclare que la pègre russe a déjà infiltré 300 sociétés suisses" Parfois, «sa spontanéité la fait déborder», constate un juriste. A une ou deux reprises, le Tribunal fédéral la réprimande, jugeant qu'elle a outrepassé ses droits. Elle agace la gauche