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Libération

Sida en Afrique: un bilan amer. La conférence de Lusaka a pris fin hier, sans laisser beaucoup d'espoir.

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publié le 17 septembre 1999 à 0h44

Lusaka, envoyé spécial.

Emma Tuahepa, 24 ans, est namibienne. Et ses mots ont été les seuls à dé-

clencher l'enthousiasme des 3 000 congressistes de la 11e Conférence internationale sur le sida en Afrique, qui s'est terminée hier à Lusaka (Zambie). «J'ai été contaminée la première fois que j'ai eu des rapports sexuels. Je ne savais rien. Pourquoi ne m'a-t-on rien dit? ["] Pourquoi les adultes continuent-ils à avoir des rapports sexuels avec les toutes jeunes filles. Pourquoi ne fait-on rien? Je pense que les gouvernements africains devraient faire quelque chose.»

Longs applaudissements. Emma continue, ne regarde personne. «Et puis je voudrais dire à tous les gouvernants africains, qu'avez-vous fait de notre argent? On nous dit que plus de la moitié de la population dans certains pays va disparaître. Et rien ne se passe. Quand on demande aux présidents africains de venir à un sommet sur le sida, ils disent qu'ils sont trop occupés. S'il vous plaît, n'empêchez pas que nos rêves deviennent des réalités.» La salle est debout. Le vice-président zambien, qui vient d'arriver, applaudit à peine, puis s'en va.

«On est seuls.» Session après session, les mots des uns contre l'absence de réaction des autres. C'est ainsi que, durant toute la semaine, s'est déroulé ce congrès, entre abattement et indifférence, entre la satisfaction d'être toujours vivant et l'immensité de la tâche à venir. Certes, de grandes promesses ont été lancées, comme celles de la Banque mondiale, affirmant qu'elle pre