En Centrafrique, où une élection présidentielle a été organisée hier
sous les auspices des Nations unies, la nouvelle politique africaine de la France a réussi ce que l'ancienne avait si tragiquement échoué à accomplir en 1993-1994 au Rwanda: le passage de témoin à la communauté internationale dans un pays du «champ» en crise existentielle.
Fachoda. Certes, en décembre 1993, les derniers soldats français avaient quitté le Rwanda, relayés par un contingent de Casques bleus de l'ONU. Mais une vingtaine de coopérants militaires étaient restés au «pays des mille collines» et le soutien au régime Habyarimana est apparu comme jusqu'au-boutiste, voire «complice» d'un génocide que le contingent de l'ONU n'a pas pu empêcher, quatre mois seulement après le désengagement partiel de la France. Si, malgré trois mutineries de son armée en 1996 et la «tribalisation» de sa vie politique, la Centrafrique n'est pas condamnée à devenir une terre de massacres, elle vit néanmoins dans un climat de guerre civile qui, aggravé par l'anomie de l'Etat, le pillage de l'économie et des conflits armés à ses frontières, mal surveillées, avec le Soudan, l'ex-Zaïre et le Congo, augure très mal de l'avenir.
Contrairement au Rwanda, une ex-colonie belge que Paris n'avait intégrée dans son «pré carré» élargi à la francophonie qu'au milieu des années 70, la Centrafrique a été pendant longtemps au coeur de la zone d'influence française sur le continent. L'ancien Oubangui-Chari a été conquis pour établir la jo