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Libération
Reportage

«Le Timor massacré, c'est le coeur des Portugais qui saigne».

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Tout le pays se mobilise sur le drame qui se joue dans son ex-colonie.
publié le 20 septembre 1999 à 0h47
(mis à jour le 20 septembre 1999 à 0h47)

«Timor ne peut attendre», «certains tuent avec des armes, d'autres en ne faisant rien», «Timor o meu amor». Ce sont des morceaux de papier, des bouts de drap griffonnés au marqueur. Au bas de la maternité Alfredo da Costa et de l'hôtel Sheraton, qui héberge la représentation de l'ONU, ces pamphlets gisent sur l'asphalte, tel un patchwork géant de l'indignation, entre bougies consumées et fleurs disséminées. Autour, ils sont encore une centaine à veiller: activistes, sympathisants, grévistes de la faim d'un jour. A longueur de journée, en passant par cette place de Lisbonne devenue symbole du soutien national au peuple timorais, nombreux sont les automobilistes qui klaxonnent en signe de solidarité pour cette ancienne colonie portugaise abandonnée en 1975.

Chaîne humaine. Il y a là Henrique, 17 ans, simple lycéen. Il y a peu, il goûtait encore à la volupté estivale des plages des Açores. Les images des massacres perpétrés par les milices indonésiennes au Timor oriental le secouent. Il rentre précipitamment à Lisbonne et participe à toutes les manifestations: cette chaîne humaine reliant les cinq ambassades des pays du Conseil de sécurité de l'ONU, le 8 septembre; la gigantesque mobilisation populaire du surlendemain pour saluer l'arrivée à l'aéroport de l'évêque timorais Ximeles Bello, prix Nobel de la paix 1997; et puis ces veillées en silence, éclairées aux chandelles. «Je n'aurais jamais imaginé que mon pays puisse réagir ainsi», dit Henrique.

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