Kupang envoyé spécial
«Votre avion attend, Madame!», lance un officiel indonésien avec un sourire. «J'ai fait le voyage depuis Genève pour voir ce qui se passe ici. L'avion peut attendre», rétorque Sadako Ogata en franchissant le tarmac de l'aéroport de Kupang, capitale du Timor occidental. Sans cesser de sourire, les officiels se précipitent pour suivre la haute-commissaire aux réfugiés qui s'engouffre dans un autocar, accompagnée de son équipe.
Les Indonésiens avaient préparé pour Sadako Ogata une «visite guidée» des camps de réfugiés du Timor occidental où s'entassent environ 130 000 Timorais de l'Est. Mais, sans rien perdre de son calme et de sa diplomatie, la Japonaise qui dirige le HCR depuis 1991 a pris de court les militaires indonésiens en voyant un peu plus que ce qu'ils voulaient bien lui laisser voir. Et elle a pu se rendre compte de la triste condition de ces réfugiés livrés aux mains de gangs de miliciens armés furieux du vote pour l'indépendance du Timor oriental, le 30 août.
Les autorités indonésiennes ont tout fait pour tenter de restreindre ses contacts avec les réfugiés. L'avion du HCR en provenance de Djakarta a été retardé pendant deux heures à l'aéroport de Bali. «On nous a dit qu'il y avait un problème technique», a indiqué narquoisement un membre de la mission. En fait, l'appareil s'est posé à Kupang, entre deux vols en provenance de Dili amenant chacun une centaine de réfugiés, le front ceint de foulards rouge et blanc, aux couleurs du drapeau indonésie