Santiago-du-Chili, correspondance.
Une hache à la main, un Indien attend un bus ou un camion le long d'une route de l'Araucanie, région située dans le centre du Chili. Il cherche à se rendre sur son lieu de travail, dans l'une des innombrables exploitations forestières implantées dans cette zone. Il fait partie de la rare main-d'oeuvre locale encore employée sur place; les machines ont depuis longtemps remplacé les bûcherons du cru. Car l'industrie forestière s'est montrée de plus en plus performante, ces quinze dernières années au Chili: le bois occupe le deuxième poste des exportations chiliennes derrière le cuivre.
Le paysage porte les stigmates de cette intense activité économique. Les flancs des montagnes ressemblent à de véritables patchworks, chaque coupe forme une nouvelle tache. Rares sont les arbres de la forêt primaire qui ont survécu; la plupart des essences ont été remplacées par des espèces de reboisement, tels les eucalyptus ou les pins.
La superficie des exploitations forestières mord de manière inexorable sur les terres occupées par les différentes communautés indigènes du sud du Chili. Désignés par le terme générique «Mapuches», qui signifie «gens de la terre», les indigènes représentent un peu moins de 10% de la population chilienne, soit quelque 1,5 million de personnes. Près de la moitié d'entre eux vit désormais dans des centres urbains: beaucoup ont dû y accepter les travaux les plus pénibles pour survivre. «La faim fait partir nos enfants», explique José