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Libération

Timor oriental : la tentation de la vengeance. Certains habitants réclament une justice expéditive.

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publié le 22 septembre 1999 à 0h48

Dili, envoyé spécial.

Encore abasourdi par les trois semaines de terreur qui ont suivi le vote pour l'indépendance de la majorité des Est-Timorais, le 30 août, le petit nombre d'habitants encore présents à Dili s'est pressé un peu partout pour serrer la main aux troupes internationales. Essentiellement australiennes, celles-ci ont commencé hier à patrouiller en force dans les rues de la capitale réduites en cendres par les miliciens et l'armée indonésienne. Plusieurs navires de la force internationale pour le Timor oriental (Interfet) ont débarqué de nouveaux contingents, des véhicules blindés et des dizaines de tonnes d'aide humanitaire destinée aux quelque 50 000 habitants réfugiés dans les montagnes alentour.

«Liberté!» Dili prenait hier l'allure d'une ville libérée. Scènes de liesse et de triomphe d'abord: des petits convois de voitures ou de motos chevauchées par des guérilleros en civils de la résistance timoraise qui agitent des drapeaux du Conseil de la résistance timoraise (CNRT). Devant le port, sous le nez de soldats indonésiens prêts à embarquer, les militants crient «merdeka!, merdeka!» (liberté!). Le long du front de mer, deux miliciens sont débusqués; ils se cachaient parmi les réfugiés qu'ils menaçaient encore la veille d'abattre, s'ils ne montaient pas dans les navires prêts à les emmener vers un sort inconnu. Un homme portant le béret, signe de reconnaissance des guérilleros, brandit une carte du CNRT. Il tente de dissuader la foule d'appliquer une justice so