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Libération

Chasse aux Caucasiens à Moscou. La police harcèle les Tchétchènes, accusés d'être à l'origine des attentats.

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publié le 23 septembre 1999 à 0h50

Moscou, de notre correspondante.

Il est 3 heures du matin ce 16 septembre. Bislan Satouïev s'est couché tard. Il a assuré un tour de garde devant son immeuble, comme tous les locataires depuis la vague d'attentats. On sonne, puis on frappe à la porte. Bislan va ouvrir. Face à lui, trois policiers en civil et huit membres des forces spéciales, masqués. L'un d'eux tient une hache. Pour casser la porte, s'il refusait d'ouvrir. Bislan Satouïev est tchétchène. Il vit depuis seize ans à Moscou. Marié à une Russe, il tient un commerce d'alimentation. Ses papiers sont en règle. Il demande qu'on ne réveille pas les enfants. «Habille-toi, prends tes papiers, surtout ton carnet d'adresses», lui lance un milicien. Dans les locaux de la milice, Satouïev insiste pour voir le mandat de perquisition. On refuse. Commence l'interrogatoire. «Combien d'argent donnes-tu à Bassaïev [le chef de guerre tchétchène à la tête de la rébellion au Daguestan, accusé d'être derrière les attentats, ndlr]», répète l'enquêteur. A dix heures du matin, il est relâché. Les miliciens le préviennent: s'il porte plainte, ses affaires risquent de s'aggraver.

La communauté tchétchène de Moscou ­ estimée à quelque 100 000 personnes ­ est l'une des grandes victimes de la série d'attentats qui a fait plus de 210 morts dans la capitale. Les autorités russes accusent les islamistes tchétchènes d'en être responsables, et tous les Tchétchènes paraissent du coup suspects. La population a accepté d'autant plus facilement ce bo