Adapazari, envoyé spécial.
Autour d'Izmit, épicentre du terrible tremblement de terre du 17 août, seuls les morts enregistrés reposent en paix" 15 613 exactement, selon le dernier bilan rendu public par le centre de crise du Premier ministre. Mais voilà plusieurs semaines que les autorités ne se risquent plus à aucune estimation du nombre des disparus. Comme pour minimiser un drame qui aurait déjà suffisamment entaché la respectabilité du gouvernement de Bülent Ecevit. Chacun se souvient pourtant qu'une semaine après le séisme, Ankara demandait à l'Onu de lui fournir 45000 sacs pour envelopper les dépouilles. L'institut turc de recherches IBS conclut dans un rapport d'enquête que le nombre total de victimes est «au moins» d'une trentaine de milliers. Un chiffre certainement inférieur à la réalité, estime Korhan Gümüs, du Centre de coordination civile, qui évalue le nombre des disparus au double des décès recensés, soit quelque 45000 morts.
Corps ensevelis. A Adapazari, dans son bureau miraculeusement resté intact, le gouverneur de la région de Sakarya illustre bien cette volonté d'oubli. Il y a quinze jours, ses services dénombraient 2650 personnes tuées et il ajoutait alors que «ce bilan ne devrait plus évoluer, car nous ne pensons plus qu'il y ait encore des victimes sous les décombres»" A 200 m de là pourtant, de l'autre côté du palais de justice réduit en miettes, une jeune femme récupère quelques documents dans les décombres de l'immeuble où elle travaillait. «Normalemen