Bangkok, de notre correspodnant.
A la faveur de la crise du Timor, l'armée indonésienne étend encore un peu plus son pouvoir sur ce pays de 211 millions d'habitants. Malgré l'opposition des étudiants, de nombreuses ONG et de groupes d'intellectuels, l'Assemblée de 500 membres, tous élus ou nommés en mai 1997 avant le crépuscule du régime de Suharto, ont approuvé hâtivement une nouvelle loi sur la sécurité donnant des pouvoirs étendus aux militaires en cas de déclaration de l'état d'urgence. Dès l'annonce de l'approbation, environ 5 000 manifestants, pour la plupart des étudiants, ont marché sur le Parlement situé le long d'une voie rapide dans le nord-ouest de Djakarta et ont été arrêtés par des centaines de policiers antiémeutes qui ont tiré des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes. Les heurts ont duré jusqu'à la tombée de la nuit. Cette loi permet au président de déclarer l'état d'urgence dans les régions troublées et de déléguer son autorité aux militaires. Le cas échéant, ceux-ci pourraient notamment mener des raids, prendre le contrôle des postes et des télécommunications, ainsi que restreindre les manifestations, les libertés syndicales et la liberté de la presse. La loi permet au chef des armées de «prendre toutes les mesures nécessaires pour restaurer l'ordre, même si ces mesures violent les lois existantes», y compris les restrictions de la liberté de mouvement. La rapidité avec laquelle cette législation touchant aux droits de l'homme a été discutée et voté