Maziq, envoyé spécial.
Bordé de mûriers sauvages, le gouffre à ciel ouvert s'enfonce profondément dans un flanc de montagne. Un grillage rouillé, mais intact, cerne son cratère de glaise brune aux parois instables. Le puits d'aération a été creusé à même la roche, sans étais ni moellons, pour évacuer les effluves viciés des galeries souterraines de la mine de Trepça. Et son aspect n'a rien d'engageant. D'autant que la rumeur veut que les forces serbes aient utilisé le réseau qui court sous le village de Maziq comme une gigantesque fosse commune, jetant dans cet entonnoir humide plusieurs centaines de corps d'albanais massacrés au plus fort de la campagne de nettoyage ethnique.
Investigation préliminaire. «Des allégations que nous ne pouvons ni confirmer ni infirmer avant qu'une enquête complète ne soit terminée», précise toutefois Kelly Moore, la porte-parole du Tribunal pénal international (TPI) chargé de faire la lumière sur les crimes de guerre commis en ex-Yougoslavie. Au début du mois de septembre, une équipe d'experts menée par un spécialiste canadien, Michael Dornan, a entamé une investigation préliminaire sur ce site, l'un des possibles charniers parmi les 400 déjà répertoriés par le tribunal sur l'ensemble du territoire kosovar. La recherche d'indices s'avère délicate. Le puits n'est pas bien large, est profond et ses parois suintent l'humidité. Depuis le début des frappes occidentales contre les troupes fédérales, les pompes et les turbines de la mine sont au point