Genshagen envoyée spéciale
U petit château décati du Brandebourg, rempli à craquer d'intellectuels français et allemands: tel est le cadre insolite où Gerhard Schröder et Lionel Jospin ont tenté samedi un nouveau départ. Internationale socialiste. Après le coup du «manifeste Blair-Schröder» qui avait creusé un gouffre théorique entre le socialisme français et la social-libéral-démocratie à la Schröder, le besoin de retrouvailles se faisait pressant. Brigitte Sauzay, ancienne interprète de François Mitterrand et de Valéry Giscard d'Estaing, passée conseillère auprès du chancelier Schröder, a offert une occasion, en invitant les deux hommes à un colloque de son institut de Genshagen, sur le thème «Mémoire et identité».
A sa façon, très ENA, Lionel Jospin a consciencieusement planché sur le sujet, méditant sur la différence entre «histoire» et «mémoire». Dans sa dissertation, il a pourtant réussi à placer deux petits clins d'oeil socialistes. En exemple «de ce que doit être la responsabilité de l'homme politique», il cite Léon Blum, déplorant, en 1923, que le traité de Versailles fasse de l'Allemagne la seule responsable de la Première Guerre mondiale. Blum l'avait fait à Hambourg, «au sein d'une organisation qui nous réunit encore aujourd'hui, cher Gerhard l'Internationale socialiste», insiste Jospin.
Plus loin, pour décrire ce qui fait le «modèle européen», le Premier ministre n'invoque pas seulement Goethe et Berlioz, mais aussi «le socialisme»: «une idée née en Europe et e