Sergueï Kovalev, député à la Douma et coprésident de l'association
Mémorial, fondée par d'ex-dissidents, était un proche du prix Nobel de la paix Andreï Sakharov. Opposant à la guerre en Tchétchénie (décembre 1994-août 1996), il s'inquiète des risques d'un nouveau conflit dans le Caucase. De retour d'une mission d'enquête au Daguestan, il s'en est expliqué, vendredi à Moscou, devant un groupe de journalistes.
Comment voyez-vous la reprise des bombardements sur la Tchétchénie?
Ce que commence à faire la Russie est terrible. Si elle vise une nouvelle guerre dans le Caucase et tout porte à le croire , la Russie doit comprendre qu'elle va mener une guerre contre des maquisards et qu'elle ne peut pas la gagner. Elle ne pourrait la gagner que si elle était prête à l'anéantissement et au génocide. Car les Tchétchènes ne céderont pas.
Au début de l'été 1996, les généraux russes disaient: «Nous contrôlons la situation, nous sommes déjà maîtres des montagnes tchétchènes.» Le général Alexandre Lebed, qui venait d'obtenir carte blanche pour régler le problème, a alors reçu le général Tikhomirov (qui commandait les troupes russes), et il lui a dit: «Si tu penses en venir à bout vite, vas-y.» Tikhomirov a relancé les hostilités. Le résultat a été un désastre. Lebed a compris la leçon. Mais pas les généraux. Et ils disent à nouveau: «Nous contrôlons la situation»" Ils ont simplement oublié. Ils veulent aujourd'hui utiliser les leçons de l'intervention de l'Otan au Kosovo. Mais la situation