On dirait une élection dans une république bananière. Opacité,
corruption, pressions" A quelques semaines d'un scrutin destiné à trouver un successeur à l'actuel directeur général de l'Unesco, Federico Mayor, en fin de mandat, la bataille électorale en cours ne risque pas de restaurer l'image d'une institution ternie par son népotisme généralisé, sa bureaucratie envahissante et sa mauvaise gestion. Onze candidats (parmi lesquels un Français, présenté par la Géorgie, la France ne le pouvant pas) sont en course. Quatre ont des chances sérieuses d'être élus: un Saoudien, un Japonais, un Australien et un Egyptien. Paradoxe. C'est le premier qui a suscité les plus violentes polémiques. Ghazi Algosaibi, ancien ministre et ambassadeur du royaume à Londres, est un Saoudien moderniste. Dans son pays, il a fait campagne pour que garçons et filles aient les mêmes chances en matière d'éducation. Il a aussi une réputation de libéral acquise à la faveur d'un poème qui critiquait les moeurs à la cour du roi Fahd, ce qui lui valut de purger quelques années d'exil doré comme ambassadeur à Bahreïn.
Il n'en demeure pas moins un proche du roi et le candidat d'un Etat où cinémas et théâtres sont interdits, où les femmes sont des sujets sans autonomie propre, empêchées de se déplacer librement, où la liberté de conscience n'existe pas et le seul fait de posséder une Bible conduit en prison. Singulier paradoxe que cette candidature à la tête d'une institution à vocation universelle, dont les idéau