Madrid, de notre correspondant.
Alors que se poursuit à Londres l'examen de la demande d'extradition d'Augusto Pinochet formulée par le juge Baltasar Garzon, le problème de l'ancien dictateur chilien divise plus que jamais la classe politique espagnole. Même s'il s'est récemment prononcé contre un arbitrage politique, le gouvernement de José-Maria Aznar (droite) reste suspecté de vouloir enrayer le processus judiciaire normal et de chercher une formule qui satisfasse l'exécutif chilien. De son côté, l'opposition socialiste (PSOE) en tête fustige à l'envi «les intentions qui ne respectent pas l'indépendance de la justice». Sous la houlette de Joaquin Almunia, secrétaire général du parti, le PSOE en a d'ores et déjà fait un thème de campagne pour le scrutin général de mars 2000.
Cette atmosphère de suspicion a commencé le 23 juillet, lorsque Juan Gabriel Valdes, le chef de la diplomatie chilienne, envoie une lettre à son homologue espagnol Abel Matutes afin de trouver une «solution politique» à l'imbroglio judiciaire. Madrid envisage alors de soumettre l'«affaire Pinochet» au Conseil d'Etat, étape préalable à un éventuel transfert auprès de la Cour internationale de La Haye. L'initiative vise, on s'en doute, à préserver les liens économiques importants avec le Chili, où banques et entreprises espagnoles ont investi près de 40 milliards de francs ces dernières années. Mais l'opposition socialiste, dont l'adhésion parlementaire est nécessaire pour une solution politique, crie, ell