Londres, de notre correspondant.
A la moitié de son mandat, Tony Blair a choisi hier la conférence annuelle de son parti pour dire avec force que l'on pouvait désormais voter Labour «avec son coeur comme avec sa raison». Amoureux des synthèses difficiles, le Premier ministre britannique a présenté une philosophie de gouvernement sans concession mais également pleine de promesses de faire de la Grande-Bretagne un pays «plus égalitaire, plus juste et plus moderne». Après deux ans et demi de pouvoir, ses troupes et électeurs travaillistes commençaient à renâcler devant la prudence exemplaire de ce gouvernement, et Blair a une nouvelle fois justifié sa rigueur économique. «Le New Labour est le parti de la compétence économique», a-t-il répété devant ses fidèles réunis pour une semaine à Bournemouth, énumérant les succès du gouvernement en termes d'emplois créés 650 000 en trois ans ou de jours perdus en grève, le plus petit nombre en dix-huit ans.
Mais il en fallait plus pour faire rêver son parti, et le Premier ministre s'est engagé à ne laisser personne au bord du chemin. Rappelant que 3 millions d'enfants vivent dans la pauvreté, Blair, né dans une famille aisée, a promis que ce qu'il avait «eu par chance, tout le monde devait l'avoir par droit». «Si nous échouons à développer les talents d'un seul, c'est tout le pays qui échoue», a-t-il entonné. «La lutte des classes est finie», a proclamé Tony Blair, qui ne se dit plus socialiste depuis longtemps, «mais la lutte pour une